Impact de la briderie sur la locomotion et le confort du cheval


Le rôle du bridon est d’assurer la stabilité du mors dans la bouche du cheval et contribue à répartir les pressions. Il doit être adapté à la forme de la tête et de la nuque du cheval, et correctement ajusté.
La briderie vient au contact de zones fragiles et sensibles, incluant réseaux nerveux, fascias et muscles reliés au reste du corps. Un harnachement inadapté au niveau de la tête est source de douleur et de stress pour le cheval : l’impact peut se répercuter sur l’équilibre, la décontraction, l’amplitude et la flexibilité des articulations.
Petit topo anatomique :
Quelques notions essentielles en très bref (et volontairement incomplet pour ne pas perdre tout le monde en route) pour mieux comprendre l’interconnexion des structures et faire le lien entre un blocage lié à la briderie et la locomotion dans sa globalité.
Le crâne porte les organes sensoriels du cheval et abrite le cerveau. Il est composé de 34 os plats reliés entre eux par des articulations fibreuses. La mâchoire inférieure, ou mandibule, est mobile et reliée au crâne par l’ATM (articulation temporo mandibulaire), pour permettre la mastication.
L’ATM a également un rôle dans l’équilibrage du cheval : sa position transmet des informations au cerveau via des récepteurs proprioceptifs localisés au niveau des muscles et de la peau qui lui permettent d’ajuster sa posture. Les tensions au niveau de cette zone qui adviennent lorsque le cheval contracte sa mâchoire se répercutent sur les muscles de l’encolure, et peuvent occasionner de nombreux troubles : douleur aux tempes, problèmes de déglutition, migraines, douleurs dans les épaules…
La langue est reliée aux épaules (entre autre) par l’intermédiaire de l‘appareil hyoïdien, composé de 11 petits os suspendus par des ligaments, et reliés aux muscles hyoïdiens, eux même connectés respectivement à l’humérus, donc à l’épaule, au sternum, à l’ATM et à la nuque. Un blocage de la langue, qui peut être occasionné par une muserolle trop serrée, a donc une conséquence directe sur l’amplitude des épaules, la contraction des muscles abdominaux et l’engagement des postérieur, l’équilibre et la proprioception, et la flexion de la nuque (et donc un moindre fonctionnement de la ligne du dessus). Donc pas d’équitation juste sans mobilité de la langue!
le crâne du cheval est relié aux vertèbres cervicales par l’articulation atlanto-occipitale qui relie l’occiput, l’os le plus en arrière de la tête, à l’atlas, la première cervicale, et permet l’ouverture et la fermeture de la nuque. L’axis, ou deuxième cervicale, a une forme très différente de la première et permet à la tête de tourner à droite et à gauche.
Les cervicales, au nombre de 7, sont rattachées au ligament nucal jusqu’aux apophyses épineuses du garrot, à partir duquel le ligament supra épineux le continue jusqu’au sacrum. Les ligaments dorsaux maintiennent les vertèbres en place afin d’apporter au dos maintien, force et stabilité, à la manière d’un pont suspendu.
La têtière :
Son choix joue un rôle capital pour le confort du cheval au travail. Il en existe aujourd’hui de nombreuses sortes : droite, plus ou moins découpée, plus ou moins large, avec pont, déportée…
Elle repose en arrière des oreilles, au sommet de la nuque, et doit permettre aux muscles et tissus sous-jacents de respirer. Un cheval comprimé au niveau de cette zone peut le manifester de différentes façons : refus du contact, encensement, relèvement de la tête, manque d’engagement des postérieurs… Amplifiée par les allures et l’action de la main du cavalier, la pression peut induire une inflammation douloureuse des capsules protégeant l’articulation, et des gonflements. On doit pouvoir passer la main à plat aisément sous la têtière.
Elle ne doit pas venir comprimer la base des oreilles : en fonction de la forme de la nuque, une simple têtière droite conviendra parfaitement à certains chevaux, quand d’autres auront besoin d’une forme plus découpée. La découpe doit être en adéquation avec l’implantation des oreilles : elle doit en libérer le pourtour, et le bas de l’échancrure ne doit pas arriver sur le cartilage en dessous de l’oreille. L’argument commercial “anatomique” est vendeur, mais n’est approprié que si il correspond à l’anatomie de votre cheval.
Une découpe importante va souvent de paire avec une “casquette” large et parfois rigide que tous les chevaux n’apprécient pas. De même une têtière trop large n’est pas un gage de confort pour le cheval : la première cervicale doit avoir la liberté de monter lorsque le dos se met en place.
Les têtières déportées peuvent être bénéfiques pour certains cas pathologiques. Il faut toutefois avoir en tête que la pression enlevée sur une zone va être reportée sur une autre, ce qui a long terme peut déplacer le problème, voir en créer de nouveaux.
Un rembourrage important ou un pad de têtière peut apporter du confort dans certains cas, mais peut aussi avoir l’effet contraire en augmentant la pression (comme une grosse paire de chaussettes dans une paire de chaussures). Chaque cas est à traiter individuellement.
Enfin, certains fabricants ont conçu des têtières avec un système de pont libérant le ligament nucal. D’un point de vue ostéopathique cela semble être une innovation intéressante, à voir selon la conception des différentes pièces et en relation avec le reste du bridon : l’adaptation est toujours une question globale.
La muserolle :
Si le bridon en comporte une il est préférable qu’elle soit directement incluse dans la têtière


, afin d’éviter d’une part une surépaisseur sur la nuque, d’autre part car cette disposition permettrait de lui octroyer un rôle dans la distribution des pressions, notamment dans les disciplines qui impliquent une tension des rênes importantes.
Son rôle principal est de stabiliser le bridon sur la tête du cheval, et de canaliser le jeu de la mâchoire, en évitant les mouvements latéraux trop importants, qui à terme peuvent causer des dommages au niveau de l’ATM.
Trop serrée, elle vient comprimer les tissus, qui incluent un réseau de nerfs importants, nuit à la vascularisation, diminue la capacité respiratoire et la déglutition (muserolles allemandes et combinées en particulier pour ces derniers points). Elle peut occasionner un blocage de la langue, avec les conséquences sur l’ensemble de la locomotion et de l’équilibre comme nous l’avons vu plus haut, des lésions buccales en cas de surdents, et des tensions au niveau de l’ATM liées à la compression des mâchoires.
Un réglage optimal laisse passer facilement un doigts entre la muserolle et le chanfrein : le cheval doit pouvoir relâcher sa mâchoire et mâcher aisément. Concernant la hauteur, la règle des deux doigts sous l’apophyse zygomatique ne s’applique pas dans le cas de chevaux à la tête courte ; il faut cependant laisser un espace sous les crêtes zygomatiques pour éviter les frottements.
Le frontal :
Il contribue également à la stabilité du filet, en empêchant la têtière de reculer sur la nuque, et au centrage de la têtière, et donc indirectement du mors.
Souvent trop petit, il créé alors des pics de pression inconfortables derrière les oreilles, et entrave leur mobilité. En tirant les montants vers l’avant de la tête, il peut les amener à frotter contre le rocher. Il peut aussi comprimer les muscles temporaux, qui sont placés au niveau du front et sont impliqués dans la mobilisation de la mâchoire inférieure.
Un frontal trop petit est donc potentiellement désagréable pour le cheval, et peut à lui seul mettre en péril tout l’équilibrage du bridon.
Les frontaux en forme de V ou de vagues permettent un meilleur dégagement des muscles temporaux, qui peuvent être très développés chez certains individus.
On s’assurera que le rembourrage de la têtière, si il y en a, ne viennent pas empêcher le frontal de prendre sa juste place, dans le creux sous les oreilles et hors de contact des parties saillantes.
Les montants du mors :
Il est important qu’ils soient adaptés à la longueur de la tête du cheval, afin que les boucles ne soient pas en contact avec l’ATM, sur laquelle elles peuvent occasionner des frottements.
Bridle fitting :
Qu’il soit compétiteur ou de loisir, un cheval confortable dans son harnachement sera plus décontracté, plus serein, et sa locomotion sera plus fluide.
Sur certains chevaux de véritables transformations s’opèrent durant les consultations après changement d’une partie ou de toute la briderie, quelques millimètres peuvent faire la différence.
Le bridle fitting n’est pas un service supplémentaire, mais fait partie intégrante de la consultation : le bitfitting intervient dans une prise en charge globale, et même si le mors convient au cheval l’inconfort et ses conséquences persisteront si la briderie provoque des conflits avec les tissus.
Pour les chevaux montés sans mors, les grands principes cités dans cet article peuvent se transposer sur les ennasures, un article spécialisé sur ce sujet est en cours d’écriture.