Motiver son cheval : la clarté
Quand ils sont en capacité physique et émotionnelle de répondre à nos demandes, les chevaux sont généralement participatifs.
Une des raisons pour laquelle les chevaux peuvent nous dire non est le manque de clarté.
Si on vous demande quelque chose mais que la consigne est incompréhensible, allez-vous vous sentir à l’aise?
En fonction de votre tempérament, de votre vécu et du contexte, si vous êtes en confiance vous allez peut-être demander à votre interlocuteur de clarifier avant de vous exécuter, si vous ne l’êtes pas, proposer une réponse au hasard en espérant que ce soit la bonne, vous tétaniser et vous mettre à bredouiller, ou bien changer de sujet, voir quitter la discussion.
Nous avons tous l’élan naturel de contribuer au bien-être de l’autre et de faire plaisir mais quand la demande n’est pas claire cela peut générer du stress, auquel nous répondons par la fuite, la fuite passive (je me ferme), ou l’agressivité.
Le cheval fonctionne à l’identique et devant une demande qu’il ne comprend pas il peut adopter ces types de comportements. Si il tente une réponse et que son humain s’agite, s’énerve et monte en pression, ces réactions au stress peuvent augmenter de manière exponentielle et le cheval va soit s’agiter et bouger dans tous les sens de manière plus ou moins virulente, soit se figer encore plus, soit menacer pour se débarrasser du problème. Ces trois réactions peuvent aller jusqu’à la défense, qu’il peut être difficile à faire passer derrière.
Comment faire pour ne pas en arriver là?
Avant : clarification pour soi, visualisation et centrage.
Prenez le temps avant de faire une demande, de savoir ce que vous voulez, avec précision (ex : je voudrais que mon cheval recule, d’un pas complet, en restant droit, avec légèreté). Si votre cheval ne connais pas la demande de reculer, n’ajoutez pas des paramètres complexes, il faut déjà qu’il comprenne votre demande, lorsque cela sera limpide pour lui vous pourrez être plus exigeant et demander plus de pas, de réactivité, de rectitude, une meilleure attitude…
Identifiez ce qui est accessible pour votre cheval et vous et visualisez ce que vous voulez, imaginez votre cheval entrain de faire le mouvement (ex : mon cheval recule d’un pas, il met moins d’une seconde à répondre, comme il est léger et réactif il recule antérieur et postérieur opposé en simultané, sa tête reste bien dans l’axe du corps, etc). Cela va vous donner des observables concrets pour évaluer si la demande est réalisée correctement ou non.
Si l’exercice est nouveau pour vous et votre cheval, identifiez les étapes intermédiaires à atteindre avant le résultat final (si vous ne lui avez jamais demandé de reculer, un report de poids vers l’arrière voir reculer un antérieur suffira largement à céder et féliciter pour une première demande : simplifiez et décomposez au maximum).
Demandez vous également comment vous allez vous y prendre pour demander l’exercice : comment vous allez le préparer à votre demande, comment vous allez lui indiquer le début et la fin de l’exercice, comment vous allez vous positionner dans l’espace, si vous allez vous déplacer avec lui ou non, et dans quelle direction, où va se porter votre regard, comment vous allez réagir si le cheval répond ou ne répond pas, etc (ex : je veux faire reculer mon cheval sans bouger mes pieds pour l’éloigner de moi, mes pieds sont bien ancrés dans le sol, je lui fait face, je me tiens droit et regarde au loin, j’exerce une pression graduelle au niveau du poitrail et relâche dés que je sens une amorce de mouvement).
Connectez vous à ce que vous ressentez en réussissant l’exercice (ex : je me sens relâché dans mon corps, je sens le contact de mes pieds sur le sol, mon corps est tonique et détendu, je respire de façon fluide, etc).
Avant de demander à votre cheval, positionnez vous auprès de lui, marquez un temps de pause, ancrez vous au sol et respirez, mettez vous dans votre corps et prêtez attention à votre cheval. Comment est-il? Attentif? Distrait? Tendu? Endormi?
Si vous ne le sentez pas disponible, que pouvez vous faire pour améliorer cela? Le faire bouger? L’apaiser? Capter son attention par une demande connue?
Est-il dans un équilibre et une attitude qui va lui faciliter le mouvement ou y’a t-il une demande que vous pouvez lui faire pour qu’il lui soit facile de vous dire oui?
Pendant : présence, énergie.
Si le cheval ignore votre demande et ne cherche pas de solution, augmentez l’intensité de vos aides et mettez-y l’énergie nécessaire (celle qui est propre à la sensibilité et au caractère de votre cheval là où il en est aujourd’hui : avec l’éducation, tous les chevaux sans exceptions peuvent devenir légers), avec la conviction que cela va marcher (si vous n’y croyez pas, il ne va pas y croire pour vous).
Si il se contracte ou est dans la fuite (attention aux hypersensibles qui vont être très léger et réactifs mais avec des mouvements saccadés et des observables de stress, ils sont probablement inquiétés par vos outils ou votre demande, et vont devoir être mis en confiance avant de redemander), monter en phases n’est pas toujours une stratégie payante. Recherchez de la décontraction chez vous et chez lui avant de renouveler.
Si il propose une autre réponse que celle attendue, maintenez votre demande sans augmentez l’intensité en restant calme et déterminé, et clarifiez si nécessaire. Il tourne la tête? Remettez la au centre. Il bouge ses épaules au lieu de reculer? Bougez avec lui, maintenez votre demande et relâchez seulement quand il amorce un pas en arrière. Il recule de 5 pas quand vous n’en vouliez qu’un, refaites le avancer de 4 et relâchez vous.
Si vous sentez le doute s’emparer de vous, stoppez et analysez la situation. Les chevaux sentent très bien quand le doute s’insinue et peuvent vite perdre confiance et motivation. Si besoin reportez à demain, regardez des vidéos, des personnes qui savent faire ou demandez à votre enseignant de vous réexpliquer l’exercice. Si vous êtes seul, vous filmer et vous regarder faire pourra vous apporter des éléments de réponse.
Sortir de l’exercice : récompense, pause, centrage.
Faites des pauses, mêmes courtes, et de vrais moments à ne rien demander quand le cheval à fait un effort (physique, de concentration ou d’implication). Soyez gratifiants et mesurez que ne rien faire et parfois sortir de son espace peut-être plus agréable pour lui que les OUIIIIIII sonores, les caresses et même que les friandises (pour certains, pas pour tous, adaptez vous).
La pause permet l’intégration des apprentissage, pour lui comme pour vous. Profitez-en pour revenir à vous, respirer profondément et préparer mentalement la suite de votre séance.
Recevoir des consignes claires, venant d’un humain cohérent dans sa posture et aligné sur son intention est profondément motivant et sécurisant pour le cheval. Si il en tire en plus du bien-être physique (si votre exercice lui apporte équilibre et décontraction), il n’en sera que plus volontaire pour vous répondre positivement.
N’ayez pas peur d’être fermes si c’est ce dont votre cheval a besoin à l’instant T, demandez peu et souvent, faites des pauses très régulièrement, et apprenez à lire le langage équin : plus votre lecture sera fine, plus vous allez sentir ce qu’il convient de faire devant chaque situation. Et autorisez vous à vous tromper, c’est comme cela que l’on apprend.
Beaux dialogues équestres à vous!