Respecter son rythme

J’ai remarqué que souvent les personnes musiciennes avaient des facilités pour débuter à cheval.

L’équitation est une danse à deux qui se fait en musique, celle du rythme du cheval, et c’est le cavalier qui donne le tempo. Quand les temps entre chaque pas s’égalisent et que s’intègre la dimension verticale du rebond on parle de cadence, promesse de moments de grâce et instants suspendus.

Avant de s’improviser chef d’orchestre, j’aime inviter les cavaliers à suivre en conscience le rythme du cheval, à d’abord se laisser guider. Cela peut générer un inconfort, lâcher l’idée de vouloir contrôler, prendre conscience de son propre rythme qui n’est pas toujours en adéquation avec le rythme de l’autre. Se synchroniser, se mettre au diapason.

Dans un second temps le cavalier commence à proposer un rythme au cheval. Suggérer, réclamer puis laisser faire, tout en écoutant son propre métronome interne, en l’imprimant dans son corps, pour percevoir le moment où le cheval tente de nous ramener dans le sien.

Expérimenter, varier le rythme, observer, ressentir, comprendre qu’à chaque allure chaque cheval à son rythme de prédilection, et trouver le rythme qui crée l’harmonie et rend le cheval beau.

Là se trouve le point de départ du mouvement fluide, la référence dont on cherchera par la suite à sortir, pour trouver cette fluidité dans toutes les variations.

Le rythme c’est aussi écouter les temps de pause, à l’arrêt ou dans le mouvement selon ce qui ressource le cheval. Pauses en présence qu’on a parfois du mal à intégrer, pris dans notre frénésie du faire toujours plus.

Nécessaires temps de repos et d’intégration.

Ecouter son rythme et celui du cheval c’est aussi respecter celui des cycles et des saisons, et mettre de côté ses exigences pour s’ajuster à l’énergie du moment. Poser un regard doux sur le temps du cheval et le nôtre, accepter que le chemin soit long, et apprécier la beauté dans chaque étape, dans les moments d’ascension comme ceux de stagnation, et même dans les retours en arrière, qui sont souvent l’occasion de découvrir un chemin que l’on avait pas vu.