Cavalier et propriétaire, pourquoi cela complique-t’il tout ?


Devenir propriétaire d’un cheval, de SON cheval. Un rêve souvent nourri par l’imaginaire pendant de nombreuses années ; un projet dans lequel on investit du temps, de l’énergie, de l’argent, des ambitions : que l’on souhaite créer une relation idéale, gagner en compétition, randonner en parfaite connexion avec son cheval et la nature ou sublimer les allures de sa monture par le dressage, nous allons choisir avec soin le compagnon qui nous accompagnera au bout de nos rêves équestres.
De l’imaginaire à la réalité.
La réalité nous fait parfois tomber de haut. En passant outre toutes les déconvenues liées au choix malheureux du cheval : santé déficiente, trop compliqué, trop jeune, trop sensible … Un paramètre majeur diffère entre ce que nous vivons avec les chevaux des autres ou ceux du centre équestre et la situation présente : cette fois ci, c’est le nôtre, avec tout ce que cela représente en terme d’attentes et d’affectif.
Les enjeux ne sont plus les mêmes, et la peur de mal faire, d’être jugé par les autres, d’échouer, de ne pas être à la hauteur … est alors décuplée et peut rendre difficile et flou ce qui avec une autre monture aurait été simple et fluide.
L’implication affective et les attentes posées sur l’autre peut-être source de frustrations chez le cavalier propriétaire, empêchant ce dernier d’avoir le recul nécessaire à une juste communication.
Les émotions et les projections que nous en faisons peuvent altérer notre faculté à analyser et à traiter une difficulté. Il devient difficile de faire le tri entre ce qui émane de nous, blocage mental, physique, mauvaise compréhension de l’exercice, interprétations erronées des réactions du cheval, ou de notre compagnon : douleur, manque de préparation, mauvaise compréhension de nos demandes, manque de disponibilité…
Le rôle de l’enseignant.
L’enseignant est l’interlocuteur privilégié pour aider cavaliers et chevaux à évoluer pour s’épanouir ensemble.
Il est parfois difficile de trouver le médiateur qui convienne, qui saura mettre en confiance le cavalier et le cheval, et apporter les outils techniques et psychologiques pour permettre au couple d’avancer.
Sa lecture du cheval et du cavalier permettra de démêler les nœuds créés par les enjeux affectifs qui compliquent la relation, et les compétences qu’il apportera permettront au cavalier d’évoluer vers l’autonomie.
Toutefois, même le meilleur des enseignants ne pourra rien faire sans l’implication du cavalier.
La première séance constitue généralement une prise de contact, une évaluation du couple. Elle peut donner quelques pistes, mais suivre plusieurs séances est préférable pour instaurer un suivi et fixer les progrès sur la durée.
La progression ne peut se faire que si le cavalier s’implique et a le réel désir d’être acteur de son évolution.
La persévérance est la clé de la réussite, et celui qui retravaille entre deux séances, expérimente et met en pratique les conseils évoluera de façon plus rapide et durable que celui qui attend passivement qu’on lui donne toutes les clés.
Et le cheval dans tout ça ?
La connaissance du cheval et des notions qui font son équilibre est nécessaire afin de pouvoir faire les meilleurs choix : mode de vie respectant les besoins de son éthogramme, professionnels et méthodes de soins, matériel qui devra être adapté avant d’être esthétique. Il existe une grande diversité de prestations qui gravitent autour du cheval et son bien-être, et le propriétaire devra obligatoirement se renseigner pour pouvoir juger de la qualité de l’acte par lui-même.
Etre propriétaire est un engagement qui va bien au delà de l’équitation. Le bien-être de nos compagnons équins devraient être au centre des préoccupations de son humain, de qui il dépend entièrement.
Pour conclure…
La responsabilité du propriétaire envers son cheval nécessite un engagement dans de nombreux domaines. Un travail sur soi est souvent nécessaire pour aboutir à une relation épanouie, car nous ne pouvons exiger de l’autre ce que nous n’appliquons pas nous-même.
Un accompagnement extérieur est toujours intéressant pour aider à sortir de sa zone de confort et se poser les bonnes questions.
Commentaires
B
Bravo pour ce très bel article. Vous avez su mettre les mots sur ce que je pense depuis bien longtemps aussi bien sur la relation cavalier-cheval en général, que l’implication du cavalier nécessaire à la progression.
Être (un bon) propriétaire c’est s’ouvrir à tout ce qui concerne le bien être de son cheval et accepter les remises en question qui en découlent.
Merci Pauline, je pense que cet aspect de la relation et les difficultés qu’il engendre sont souvent passés sous silence ils sont pourtant bien réels. Avec un bon accompagnement et la réelle volonté d’avancer le couple ne peut en sortir que grandi…
ttout est dit!!!!!! c’est la base le cheval n’a pas demandé a entrer dans notre vie(quelques soit l’animal d’ailleurs)! on se doit de l’assumer jusqu’au bout quoi qu’il arrive! c’est a nous de nous remettre en questions et reconnaitre que parfois nous ne sommes pas encore prêt pour vivre ce grand rêve! pour avoir vécue une relation intense pendant 16 ans avec ma “sourie blanche”(une camargue), il n’ y a pas de sacrifice, seulement la découverte constante d’un couple en évolution et compromis et quand on arrive enfin a se comprendre avec nos sens, notre corps, nos regards et tout le reste, c’est la joie ultime, la complicité inexplicable, on en devient un centaure qui se retrouve amputé le jour ou l’animal meurt! je souhaite a tout propriétaire de vivre cela car même si c’est difficile de continuer sans cette moitié de nous,on a la chance de l’avoir vécu! merci a vous
Merci pour votre retour et pour ce partage de votre belle expérience. Les camargues sont de petits chevaux fabuleux..
Quand le cavalier propriétaire adopte une approche réellement holistique, ça simplifie quand même tout… Environnement et harnachement adapté, un cavalier dans une relation suivi plutôt que 15 dans un travail décousu… Pour un enseignant, ce doit être bien plus agréable voire plus enrichissant de suivre des cavaliers propriétaires que d’essayer de gérer le travail de chevaux de club confiés à des cavaliers de niveaux très variables.